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Après la fête au MCM Café, qui célébrait jeudi 27 janvier les 30 ans de carrière du deejay (ce même jour en 1970 sortait son premier single Wake the Town pour Duke Reid), U Roy assure un peu de promo pour son album Serious Matter. Normal tant il est fier du résultat, un petit bijou qui vient tout juste de sortir sur le label français Tabou 1. U Roy est dans sa chambre d'hôtel, sourire aux lèvres. Première rencontre.
Interview réalisée par Reggaelution.net le 31 janvier 2000
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Originator's roots |
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Commençons par votre passé. Vous avez travaillé avec bien des artistes...
Oh oui!
Au début, c'était avec le Hi Fi sound system de King Tubby...
Je n'ai pas vraiment commencé avec King Tubby. La première fois que j'ai joué dans un sound, c'était avec celui de Doctor Dickies [patron des studios Dynamic], puis avec Sir George que j'ai quitté pour jouer dans le sound de King Tubby. Les choses commençaient à aller un peu mieux pour moi quand je tournais avec le Hi Fi sound. J'étais moins effrayé parce que les gens me reconnaissaient de plus en plus.
C'est à cette époque que vous rencontrez Duke Reid ?
Je jouais dans le sound de King Tubby depuis quelques temps quand John Holt [le chanteur des Paragons travaille alors avec Treasure Isle] m'entend sur un cut des Paragons. Il est allé raconté à Duke Reid qu'il avait entendu un gars toaster sur le riddim et que le son était bon. Duke Reid a demandé à me voir à King Tubby, et nous y sommes allés. Duke Reid disait : 'Regardez tous, c'est le nouveau deejay ! Vas-y, chante ce que tu veux !' A cette époque, un de mes riddims favori était "Love Is not A Gamble" [des Techniques] et je me suis lancé [U Roy chante a capella] : 'This station rules the nation with version...' et 'Wake the town and tell the people'... et tous ces riddims que j'avais l'habitude de jouer avec mon groupe. Une fois dans les studios d'enregistrement, en une seule prise, c'était bon. Je n'ai jamais eu besoin de recommencer sans cesse les prises. Parce je le sens... Duke Reid était tellement excité quand il a entendu le résultat qu'il a commencé à tirer un coup de feu dans les studios ! Il avait toujours son arme avec lui et il avait l'habitude de tirer des coups de feu dans la rue, yu know... Duke Reid aimait ces chansons parce qu'il pensait qu'elles deviendraient de grands hits. Mais moi à l'époque, je ne me rendais pas compte, je n'aurais jamais pensé que ce seraient deux hits. |
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Les premiers hits |
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Avec "Wear You To The Ball", vous aviez en fait trois hits aux trois premières places des charts jamaïcains au tout début des 70s.
Oui, mais "Wear You To The Ball" est venu 4-5 semaines plus tard. "Wake The Town" et "Rule The Nation", c'était vraiment le début de ma carrière.
Sans doute aussi le début de l'histoire des deejays...
Oui, je le pense aussi.
Vous êtes The Originator [le Créateur].
Oh, j'ai créé mon style, bien sûr. Pour tout ce que je fais, je crée mon style, je n'ai jamais imité les gens. Imaginez que j'ai commencé par imiter les autres. Quelqu'un m'aurait entendu et dit : 'Oh non, c'est King Stitt [leader du sound system de Studio One, dans lequel U Roy a joué durant une brève période], ce n'est pas U Roy.' J'aime avoir mes propres trucs pour que l'on puisse facilement m'identifier. Si vous entendez quelqu'un avec mon style, vous pouvez dire : 'Oh non, ça c'est du U Roy !' J'aime beaucoup improviser. Mais quand je toaste sur la version d'un chanteur, j'aime bien avoir mes petits trucs à mettre dedans. C'est ce qui donne un goût différent. |
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La référence des deejays |
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Les deejays vous appelle Daddy U Roy. U Brown, I Roy, Big Youth, Alcapone... Vous les reconnaissez tous comme vos descendants?
Daddy U Roy, Godfather et d'autres trucs comme ça... C'est une reconnaissance pour moi. Ils me connaissent, ils m'aiment bien. Cela fait si longtemps que je suis dans le reggae ! Alors les jeunes deejays m'appellent Daddy U Roy. C'est un honneur.
Certains imitent ou imitaient votre style, comme I Roy [décédé il y a quelques semaines].
I Roy est un gars qui a toujours imité ce que je dis. Au moindre de mes propos, I Roy disais la même chose et dans le même style. C'était une personne, dans le milieu du reggae, avec laquelle je ne m'entendais pas. Parce qu'il imitait mon style. Il serait aujourd'hui en France pour un concert, il ferait en sorte d'apparaître comme celui qui a tout créé, le style, les paroles... Non ! Il n'a rien créé, il a juste écouté ce que je disais et imité le style que j'ai créé. Mais ça ne m'ennuie pas. Parce que le public me veut moi, pas I Roy. |
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Stur Gav sound system |
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Vous êtes aux commandes du Stur Gav sound system,vous tournez avec de jeunes deejays, leurs apportant votre touche personnelle.
Oui, c'est mon sound. Nous avons déjà travaillé avec de nombreux deejays : Josey Wales, Charlie Chaplin, Ranking Joe..., avec des invités comme Anthony B, Tony Rebel, Shabba Ranks, des chanteurs comme Sugar Minott, Yami Bolo et d'autres.
Tous ceux que vous aimez ?
J'aime la planète entière, j'aime tout le monde. Tout dépend des vibes. Quand ces gars montent sur scène, il se passe vraiment quelque chose, ils créent de bonnes vibrations.
Jamais de slackness dans votre sound ?
Quoi, du slackness ? Non, non. J'ai n'ai fait qu'un titre de slackness, "What Is Catty", et c'était avec Duke Reid. |
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Original roots |
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Qui vous a inspiré ? J'ai entendu parlé de Count Machuki mais je n'ai jamais entendu sa musique...
Il est mort il y a quelques années maintenant. Pour moi, Count Machuki était le meilleur deejay de Jamaïque, le plus intelligent. Quand cet homme parlait, il n'y avait qu'une chose à faire : l'écouter. Malheureusement, il n'a jamais eu de hit. Il a commencé à enregistrer ses chansons après que j'ai moi-même enregistré des titres, et elles n'ont jamais eu beaucoup de succès. Je me demande bien pourquoi la musique de cet homme, si bon, n'ai jamais été récompensée. C'était peut-être son destin.
Vous avez toujours vos propres labels [Mego Ann et Del Ma] ?
Non. Au début des 70's, j'ai enregistré quelques titres. Mais je n'ai jamais vraiment continué.
Pourquoi ? Vous n'êtes pas un manager ?
Non, je ne dirais pas ça. Je peux diriger des équipes, comme avec mon sound. Mais quand j'entre dans un studio et que j'enregistre pour mon propre compte, je n'ai pas un bon contrôle sur ce qui se passe. Je trouve que c'est agréable qu'un producteur, un ingénieur soit là et puisse dire que le son est bon ou non. |
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Tabou 1 et la France |
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Vous avez travaillé avec une équipe française sur "Serious Matter", Tabou1. Comment les avez-vous rencontrés ?
Je pensais à un nouvel album, mais je ne savais pas encore avec qui le faire. J'ai demandé à Pierre [Simonin, co-producteur], de voir ce qu'il était possible de faire en France. J'ai rencontré Guillaume [Bougard, patron de Tabou1] la semaine dernière...
C'était la première fois que vous le rencontriez ?
Exact. Et cet homme est vraiment un type bien, généreux. L'album, c'est son idée, la mienne et celle de Pierre. |
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Nouvel album "Serious Matter" |
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Toutes les pistes ont été enregistrées en Jamaïque ?
Oui. Et ensuite l'ingénieur est parti avec les bandes en France pour faire les mixes. Guillaume a eu l'idée d'inviter PierPolJak, Cheb Aïssa et Baobab. Les Français vont comprendre ce que disent ces artistes et c'est important pour moi.
C'est très étrange d'entendre du 'deejay raï' sur du reggae. Quels ont été vos sentiments quand vous avez entendu le mixe avec Cheb Aïssa pour la première fois?
C'était vraiment neuf, je n'avait jamais entendu ça nul part, ce type de chant sur des riddims reggae. Et j'y ai pris du plaisir, j'aime ces nouvelles vibrations dans la musique et j'aime que des choses nouvelles m'arrivent.
Vous avez chanté avec Cheb Aïssa et PierPolJak lors de la fête pour vos trente ans de reggae. Vous les connaissiez auparavant?
Non, je les ai rencontrés pour la première fois jeudi dernier. Ils sont vraiment bien ! Et la première impression est la meilleure, yu know.
Il y a beaucoup de chansons et de versions de Dennis Brown sur l'album.
D Brown était un de mes bons amis, quand il était jeune et jusqu'à sa mort. Mais il n'est plus avec nous aujourd'hui et cela me rend triste. C'était un type bien.
C'est un hommage d'avoir choisi une chanson de Dennis Brown pour la première piste ?
Oui. Je pense que D Brown s'est tué lui-même. Quand vous faites quelque chose qui est contre votre système, pourquoi continuer à le faire ? Pourquoi ne pas s'arrêter ? Je suis triste qu'il ne l'ait pas réalisé avant. Quelque chose est arrivé qui n'est pas juste.
Vous chantez avec un autre chanteur de dancehall, Beres Hammond sur "Serious Matter" ...
C'est aussi une chanson que j'aime beaucoup. Beres Hammond est mon ami, nous sommes très proche. PierPolJak, Third World, Beres Hammond... Il y a pas mal titres que j'adore. En fait je les aime tous parce que je les ai tous fait, ils font une partie de moi. Et certaines chansons me touche énormément.
Comme celle avec Israël Vibration ?
Yes, man, "Same Song" !
Vous chantez a capella avec Israel, sur la piste précédant la version, pour essayer d'attraper les bonnes vibrations. C'est très touchant.
Celle-ci aussi je l'aime. Elle roule toute seule, comme une vague... [U Roy chante] : I wanna sing the same song...
Est-ce que l'idée de l'album a démarré avec Israel Vibration, quand vous étiez en tournée ensemble il y a deux ans [la tournée s'est achevée par un Zénith à Paris] ?
L'idée n'est pas née avec les Israel. Je songeais déjà à un nouvel album, mais je ne savais pas encore avec qui j'allais chanter quand nous avons fait le concert au Zénith. Après le show, nous avons pensé que ce serait bien de faire quelque chose ensemble. Et nous avons chanté "Same Song" pour l'album. Un vrai plaisir.
Et ensuite vous avez choisi les autres artistes ?
Oui. Pierre et moi avons pensé ceux à que nous aimons. Et croyez-moi, j'aime chacun des artistes qui sont avec moi sur cet album. Le reggae marche bien en France, même si les Français ne comprennent pas toujours ce que disent les artistes... |
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30 ans de carrière |
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Pensez-vous que cette collaboration jamaïcano-française pourra nous aider à mieux comprendre la culture jamaïcaine ?
Oui, je pense. Et je l'espère.
Donc vous allez bientôt revenir en France pour quelques concerts...
Je viens en mars pour une tournée. Je suis content, c'est un accord et un plaisir. J'aime bien diriger mon travail et dire oui, tant que les choses sont claires. Alors je viens.
Nous pourrons célébrer vos trente ans de carrière.
Oui ! Et avec toute cette nouvelle génération qui m'écoute ! Je voudrais remercier tous ceux qui apprécient cet album. Les gens me considèrent toujours comme étant un des top deejays et après toutes ces années, c'est un véritable honneur. Je voudrais les remercier pour ça, pour avoir fait de moi ce que je suis. Je ne pouvais pas imaginer cela il y a trente ans.
Ce nouvel album est du pur U Roy, le même style depuis le début et jusqu'à aujourd'hui, mais il est aussi moderne.
Un vrai cadeau d'anniversaire. Beaucoup de gens me disent cela, et je dois bien les croire... |
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Reviews on Reggaelution.net |
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29/06/2002 U Roy at the Garance festival, Palais Omnisports de Bercy, Paris, France. review |
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28/09/2001 U Roy at Zenith, Paris, France. review |
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31/03/2000 U Roy at Elysée Montmartre, Paris, France. review |
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Reviews on the web |
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21/12/2001 U Roy at the Relive History Together Again, Amazura, New York, USA. Read the review from Reggaeweb.com |
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30/06-02/07/2000 U Roy at the Summerjam 2000, Köln, Germany. Read the review from Reggaenode.de |
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Artist on the web |
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U Roy's web site |
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