Chronique concert
HORACE ANDY + U ROY
Zénith de Paris
28/09/2001
Première grande fête de la rentrée 2001 avec Horace Andy et Daddy U Roy au Zénith de Paris. Deux parties inégales pour, quand même, un bien bon concert.

Trois artistes prestigieux prévus ce soir, les pubs nous alléchaient et le billet le confirmait. Du coup, il y a foule, tout le monde attend d'excellentes surprises, des duos, des trios entre les chanteurs Horace Andy et Max Romeo, les toasts de U Roy par dessus... Mais dès les grilles du Zénith, la mauvaise nouvelle est affichée: Max Romeo ne sera pas de la fête. A 176 F l'entrée, on rage. Encore plus quand le MC nous annonce que TOUS les artistes que nous attendons seront là... Mensonge! et pas une explication, bien sûr. Il y en a peut-être une à chercher du côté de l'actualité de chacun des artistes : U Roy est encore dans la promo de son album « Now » (Tabou 1), en plus d'autres opus de réédition, de même qu'Horace Andy qui sortira bientôt un album très prometteur, toujours sur Tabou 1 ; Max Romeo lui, passé récemment à Paris, n'a pas d'actualité à promouvoir...
HORACE ANDY ouvre le concert à 21h00. Costume en imprimé africain et yeux à demi fermés, 'Sleepy' commence tout doucement avec les classiques de Studio One, "Fever" et "Money Money". Une introduction définitivement reggae balancée en harmonie par un backing band chaleureux et un Horace Andy porté par les vibes. Sans brusquer, sans provoc facile, Horace laisse ces vibes faire tranquillement leur chemin à travers le Zénith. La musique, le reggae s'installe. Tandis que nous ondulons sous l'impulsion de sa douce voix, Horace Andy sort progressivement de sa réserve et improvise de plus en plus sur chaque titre. Ses envolées vocales se mêlent aux dubs portés par un duo basse/batterie puissant, relayé encore par un joyeux trio de cuivres. Les productions Jah Shaka, "African Woman", "Jah A Come", et même le terrible "What A Day" produit par Mad Prof sont enveloppés de cette chaude ambiance roots et positive.
Un accord parfait, total, unit Horace Andy à son public. Sa langue se délie, il joue les faux départs avec la complicité de ses musiciens, part sur un rythme ska, s'arrête sur un dub avant de repartir sur un tempo reggae...et, toujours, il replonge dans la musique, les yeux presque fermés pour mieux en sentir les vibrations. Le Zénith vibre de concert sur les hits "Children of Israel" et "Live Up", des versions inspirées qui prennent quelques minutes de rallonge improvisée. Rasta règne en maître. Seul "Johnny Too Bad", unique extrait de son dernier album "Living In The Flood" qui nous soit donné ce soir, reçoit un accueil un peu tiède ; tous les autres titres déchaînent un public heureux, dansant et très, très bruyant. Le délire culmine sur une version du Sleng Teng riddim enchaînée à l'historique "Skylarking", le tout joué sur une rythmique tantôt accélérée tantôt ralentie, jamais brisée. Nous sommes encore sous le choc quand Horace Andy quitte la scène. Bigre, déjà ?
Sifflets, cris et applaudissements saturent le Zénith jusqu'à ce que musiciens et chanteur réapparaissent. Encore plus débridé, Horace Andy se lance dans une série ahurissante avec des versions inspirées de sa collaboration avec les Britanniques de Massive Attack ("Spying Glasses", "Do You Love My Music") pour conclure avec des reprises magiques de Studio One ("Cuss Cuss", "Sea of Love"... !) avant de quitter définitivement la scène du Zénith. Il est 22h30.
Durant cette belle heure et demi passée avec Horace Andy et son groupe, les good vibes du reggae n'ont cessé de couler. Un retour aux sources pour le chanteur qui s'apprête à sortir un album étonnant sur le label Tabou 1.
Après une pause d'une demi-heure, les musiciens du JFR ( ? un groupe jamaïcain...) et le chanteur RUDY THOMAZ montent à leur tour sur scène. Le chanteur balance quelques tunes lovers pour nous remettre en train. Cela fonctionne bien et nous nous trémoussons gentiment.
Rudy Thomaz prend alors sa place au choeur, aux côtés d'une sista, et laisse le devant de la scène à U ROY qui arrive avec son élégance habituelle, chapeau et costume trois pièces. Le Zénith accueille le père des deejays avec un immense respect. Daddy U Roy nous répond en lançant ses toasts sur le tout premier hit de sa carrière, "Wake The Town", enchaîné à un autre titre du label Treasure Isle, "Everybody Bawling". Une introduction historique à laquelle le Zénith répond chaleureusement. U Roy s'interrompt alors pour un hommage particulier à Horace Andy : les premières notes de "Money Money" s'élèvent, U Roy introduit le thème avec des propos condamnant la domination de l'argent, et Horace apparaît pour chanter les lyrics de son hit. Les deux artistes se répondent, s'interpellent, jouent sur les rythmes, les contretemps ; Horace pousse sa voix dans les aigus, la laisse traîner sur une note ; U Roy joue dans les profondeurs des graves avec des toasts vifs et incisifs ; et les musiciens tentent de suivre leurs humeurs... L'instant est magique, mais bref : le titre n'est pas même achevé qu'Horace Andy a déjà quitté la scène... U Roy reprend seul le flambeau avec des reprises classiques de son répertoire, "Amen", "Small Axe" de Bob, le magnifique "Same Song" des Israel Vibration... Des titres enchaînés sans défaut par les musiciens, mais sans passion non plus car le groupe manquent visiblement d'inspiration pour varier les rythmes et les atmosphères. Dommage, U Roy paraît bien coincé dans ces versions jouées sans fantaisie. Il essaye d'insuffler les vibes, tant du côté des musiciens que du Zénith.
Ces "Wheel up", ses gimmicks vocaux, ses toasts mordants, ses jeux de scène, ses incursions vers le skank ou le dub nous entraînent parfois dans ces vibes tant désirées, comme sur sa reprise du hit de Gregory Isaacs, "Hang On", offerte avec toute l'énergie et la conviction d'un Daddy U Roy aux 30 années (et quelques...) d'une carrière inégale. "OK Fred" d'Errol Dunkley (à retrouver sur son dernier album "Now", Tabou 1) débute sous les mêmes auspices mais s'achève en queue de poisson, sans ces explosions finales qui permettraient de maintenir la pression. U Roy quitte d'ailleurs la scène dès la fin du titre. Il revient peu après, car nous en voulons encore, et du meilleur.
Mais U Roy a cessé de lutter pour atteindre ces sommets. Il nous offre une dernière série de hits, classiques de ses reprises comme "Soul Rebel" de Bob Marley, "I Need A Roof" des Mighty Diamonds, ou "I Shall Not Remove" de Cornell Campbell. C'est bon, malheureusement sans plus.
Et il n'y aura pas de troisième partie pour U Roy qui part sur un essai raté de digression à la fin du titre de Campbell.
On Reggaelution.net
25/11/2002 Horace Andy at Cabaret Sauvage, Paris, France. review
29/06/2002 U Roy at the Garance festival 2002, Palais Omnisport de Bercy, Paris, France. review
17/11/2001 Horace Andy at La Scène, Vernouillet, France. review
31/03/2001 U Roy at Elysée Montmartre, Paris, France. review
24/06/2000 Horace Andy at the Garance festival 2000, Paris, France. review
20/11/1999 Horace Andy at Elysée Montmartre, Paris, France. review
U Roy interview
Reviews on the web
21/12/2001 U Roy at the Relive History Together Again, Amazura, New York, USA. Read the review from Reggaeweb.com
30/06-02/07/2000 U Roy, Horace Andy at the Summerjam 2000, Köln, Germany. Read the review from Reggaenode.de
Artists on the web
U Roy's web site
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